Le « gland vermoulu », un signe évocateur de tuberculose génitale - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Les ulcérations génitales sont d’étiologies variées ; il s’agit le plus souvent de causes infectieuses, mais également inflammatoires, cancéreuses, médicamenteuses ou traumatiques. Nous rapportons un cas de tuberculose génitale, cause rare d’ulcération génitale chronique.
Observations |
Un homme de 42 ans, originaire du Sri Lanka et en France depuis 2012, consultait pour des ulcérations génitales évoluant depuis plusieurs années, alternant entre des périodes très ulcératives et de cicatrisation spontanée plus ou moins complète. Ses antécédents étaient une schizophrénie et un phimosis opéré.
Les ulcérations génitales étaient multiples, fibrineuses, très infiltrées et indolores. On notait un aspect cicatriciel du gland et de son pourtour avec des cicatrices déprimées en pic à glace, réalisant le tableau de « gland vermoulu ». Le reste de l’examen clinique était normal. Sa femme n’avait aucun symptôme.
Les sérologies VIH, VHB, VHC et les PCR chlamydia, gonocoque, HSV étaient négatives. La NFS était normale. Les anticorps antinucléaires et les ANCA étaient négatifs. Le test Quantiféron* était positif et l’IDR phlycténulaire. La biopsie cutanée du bord d’une ulcération montrait des granulomes épithélioïdes giganto-cellulaires avec nécrose caséeuse. Il existait déjà des granulomes épithélioïdes sur son phimosis opéré en 2015.
L’immunomarquage spirochètes, la PCR Mycobacterium tuberculosis et la culture avec recherche de mycobactéries sur biopsie cutanée étaient négatifs. La recherche de BK dans les crachats, urines et LBA était négative. L’ECBU révélait une flore polymicrobienne avec leucocyturie. L’IRM de la verge montrait un remaniement du testicule gauche avec une plage hétérogène à son pôle cranial et une tuméfaction de la tête épididymaire. Il existait au scanner deux micronodules pulmonaires aspécifiques et une hypodensité intra-parenchymateuse corticale rénale droite.
Devant la très forte suspicion de tuberculose urogénitale et le reste du bilan négatif, une quadrithérapie antituberculeuse (rifampicine, isoniazide, éthambutol, pyrazinamide) fut initiée pour deux mois, relayée par une bithérapie (rifampicine et isoniazide, 4 mois). Une cicatrisation complète des ulcérations génitales était notée après 1 mois de traitement.
Discussion |
Les ulcérations génitales chroniques sont de diagnostic clinique difficile et la biopsie cutanée est souvent nécessaire. La mise en évidence de BK est souvent négative dans ces formes génitales et un traitement d’épreuve antituberculeux doit être débuté en cas de forte suspicion.
L’aspect cicatriciel constaté dans notre cas était particulier et correspondait à celui de « gland vermoulu » décrit par R. Degos dans Dermatologie : « ces tuberculides papulo-nécrotiques donnent lieu à de nombreuses cicatrices, grêlant la surface du gland qui prend un aspect vermoulu ». Cet aspect vermoulu, bien que sans doute non spécifique, doit savoir faire évoquer le diagnostic de tuberculose génitale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Tuberculose cutanée, Tuberculose urogénitale, Ulcération génitale
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A288-A289 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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